Le jeune Eliott et ses parents © Radio France / Lucien Lefebvre
Je viens d’écouter ce matin un très bon reportage (mais inquiétant) sur France Inter dans l’émission « Interception » dont le thème est :
les cancers pédiatriques : l’environnement en question.
Il y a en France, 2200 enfants nouvellement atteints chaque année par un cancer.
Parcours du combattant pour ces familles qui cherchent à comprendre le pourquoi du comment.
Elles sont obligées de s’organiser, de créer des associations, des collectifs pour exiger des études environnementales.
« Les ARS [agences régionales de santé, NDRL] ont très peu de moyens humains, très peu de moyens financiers », avance Sandrine Josso, députée centriste de Loire-Atlantique, rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur l’évaluation des politiques publiques de santé environnementale.
« Il y a une volonté de s’intéresser aux causes des cancers pédiatriques. Mais les moyens sont limités »
Dans plusieurs communes de France, des familles alertent les autorités de santé : leurs enfants développent des cancers. Des amis de leurs enfants aussi. De la Charente-Maritime à la Loire-Atlantique, les parents, organisés en collectifs, réclament des études environnementales et des réponses à leurs questions.
« Trois amis de nos enfants sont tombés malades en quatre ans ». C’est le terrible constat que fait Fabienne Pierre, membre de l’association « Avenir, santé, environnement », basée à Saint-Rogatien (Charente-Maritime).
« Saint -Rogatien est une petite commune de 2000 habitants avec une petite école et une seule classe par niveau. Automatiquement les enfants se connaissent bien. Donc là, l’interrogation était encore plus forte de se dire: qu’est ce qui se passe? » , poursuit la mère de famille, qui a déménagé depuis.
La maladie est toujours injuste, en particulier quand elle touche des enfants. Les patients ou leurs proches se demandent souvent : pourquoi moi ? Pourquoi nous ?
Mais ce qui se passe à Saint-Rogatien, près de la Rochelle, interpelle.
Entre 2008 et 2016, 8 cas de cancers pédiatriques ont été officiellement recensés dans cette petite commune et dans la commune voisine de Périgny.
Depuis, d’autres enfants ont développé la maladie.
Les familles s’inquiètent. Elles ont alerté les autorités de santé. Elles ont lancé un collectif. Elles financent elles-mêmes des études pour découvrir la, ou plutôt les causes, de ces cancers.
« Je ne cherche pas à trouver un coupable. Je cherche à mettre en avant ce qui se passe autour de chez nous. Mais pas du tout un coupable », explique Franck, 32 ans. ll habite Vérines, à dix minutes de route de Saint-Rogatien.
Son fils Eliott, 4 ans aujourd’hui, est en rémission. Il y a deux ans, il a déclaré un sarcome d’Ewing, une forme rare de cancer des os. Son père s’interroge sur les causes de ce cancer.
Saint-Rogatien n’est pas la seule commune française où il y aurait un nombre élevé de cancers chez les enfants.
À Sainte-Pazanne près de Nantes.
Aux Rousses dans le Haut-Jura.
À Pont-de-l’Arche dans l’Eure.
A chaque fois, ce sont les parents des petits malades qui saisissent les agences régionales de santé.
Ils veulent savoir si des facteurs environnementaux pourraient avoir contribué au déclenchement de ces cancers : pollution industrielle, épandage de pesticides par exemple.
« Les ARS [agences régionales de santé, NDRL] ont très peu de moyens humains, très peu de moyens financiers », avance Sandrine Josso, députée centriste de Loire-Atlantique, rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur l’évaluation des politiques publiques de santé environnementale.
« Il y a une volonté de s’intéresser aux causes des cancers pédiatriques. Mais les moyens sont limités »
Déterminer les causes de ces cancers pédiatriques demande du temps et l’apparition d’un cancer est souvent multifactorielle.
Mais le combat de ces familles a le mérite de bousculer les autorités sanitaires et les politiques.
« Cancers pédiatriques : l’environnement en question », c’est un reportage de Julie Pietri, Lucien Lefebvre et Martin Troadec.
IMPORTANT: il y a en France, 2200 enfants nouvellement atteints chaque année par un cancer. Ils sont plus de 80% à survivre au bout de 5 ans.
Réalisation Violaine Ballet, assistée de Martine Meyssonnier.
Mixage: Claude Niort.
Documentation: Sabine Bonamy.
Pour aller plus loin
- Le site du collectif “Stop aux cancers de nos enfants”
- Page Facebook du collectif “Stop aux cancers de nos enfants”
- L’étude ATMO sur les pesticides dans la plaine d’Aunis
- Etude en cours sur la qualité de l’air Saint Rogatien / Périgny
- Le site d’Avenir, Santé, Environnement
- Cancers pédiatriques dans le Haut-Jura, ARS Bourgogne Franche-Comté, 15/10/2020
- Un nombre inquiétant de cancers touche des enfants dans le Haut-Jura, Le Temps, 15/11/2019
- Cancers pédiatriques dans l’Eure : des parents toujours en attente de réponses, Paris Normandie, 05/10/2020
- Cas groupés de cancers pédiatriques communes de Loire-Atlantique, Santé Publique France, 23/09/2020
- Cancers pédiatriques sur le secteur de Sainte-Pazanne : une surveillance active et des actions de prévention, ARS Pays de Loire, 23/09/2020
- Cancers pédiatriques en Loire-Atlantique : les familles interpellent Emmanuel Macron, Le Monde, 16/09/2020
- “On tue nos enfants” : la colère des habitants de Sainte-Pazanne face aux cancers pédiatriques, La Croix, 26/11/2019