Le bore est un oligo-élément qui intervient dans tout l’organisme. Il a notamment un rôle dans la formation des os, la fabrication des globules rouges et des cellules du système immunitaire.
Il a aussi également l’avantage de ne pas coûter très cher…
Description du bore
Le bore (symbole B dans le tableau périodique des éléments) compte parmi les oligo-éléments. S’il apparaît indispensable à l’animal, son essentialité pour l’organisme humain n’est pas démontrée1,2.
Le bore est un constituant naturel de certaines roches, il est relativement abondant dans les océans3.
Au sein des aliments, il est présent sous forme d’acide borique ou de borate1,2.
Rôles dans l’organisme
- Quelques études sur l’humain suggèrent que le bore participe au métabolisme du calcium, du cuivre, du magnésium, des acides aminés (constituants des protéines), du glucose (sucre circulant dans l’organisme), des triglycérides (graisses) et des oestrogènes.
- Il semble intervenir dans l’érythropoïèse (la formation des globules rouges), les défenses immunitaires et le fonctionnement cérébral.
- Il aurait une action anti-inflammatoire.
- Ses effets les mieux documentés concernent son impact positif sur l’os : calcification et stabilisation de la masse osseuse1,2.
Références nutritionnelles (apports nutritionnels conseillés)
En 2000, les experts de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation (Afssa) ont estimé le besoin (apport minimum pour éviter une carence) en bore entre 0,5 et 1 mg par jour pour un adulte. Mais, ils n’ont pas fixé de références nutritionnelles (apports optimaux)1.
En 2001, les experts de l’Institut de médecine Nord-américain (IOM) n’ont pas été en mesure de fixer des apports conseillés, faute de données4.
De même, les scientifiques de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) n’ont pas déterminé d’apports conseillés2.
Sources alimentaires de bore
Les aliments les plus riches en bore sont les végétaux : fruits, légumes (notamment champignons et légumes à feuilles), pommes de terre, légumineuses, fruits à coque (noix, noisette…), cacao et céréales. Les viandes, les poissons, les produits laitiers, en sont nettement moins pourvus1-4.
Il y a aussi du bore dans les boissons, eaux, jus de fruits et boissons alcoolisées (vins, cidres, bière)2-4.
Indications médicales du bore
PRÉVENTION OU TRAITEMENT DE L’OSTÉOPOROSE ++
Dès la fin des années 1990, des chercheurs suggéraient de supplémenter les femmes ménopausées en bore, afin de prévenir l’ ostéoporose1. Des études récentes confirment l’intérêt du bore pour la santé osseuse. En activant la production de calcitriol, forme active de la vitamine D, le bore favorise la minéralisation osseuse5. Selon des travaux réalisés en laboratoire, cet oligo-élément est bénéfique pour la solidité tout comme l’organisation architecturale de l’os6. La dose de bore efficace pour la protection osseuse serait de 3 mg par jour5. Certains auteurs proposent une supplémentation de bore à petite dose pour les personnes à haut risque d’ostéoporose ou présentant déjà une fracture7.
PRÉVENTION OU TRAITEMENT DU CANCER DE LA PROSTATE +
En 2004, une première étude s’est intéressée au lien entre apport de bore et risque de développer un cancer de la prostate chez l’homme.
Les chercheurs ont suivi 8 720 hommes appartenant à la cohorte américaine NHANES III. Ils ont constaté que les plus gros consommateurs de bore avaient un risque de cancer de la prostate réduit de 50 %, comparés à ceux dont l’apport était le plus faible.
Cet effet du bore pourrait s’expliquer par son impact sur le taux d’hormones stéroïdes (oestrogènes et testostérone)8.
Depuis, d’autres études d’observation ont conclu à une association entre apport de bore bas et augmentation du risque de cancer de la prostate. Dans un travail récent mené en laboratoire sur des cellules de prostate humaine, l’administration d’acide borique a permis de bloquer la prolifération cellulaire (multiplication des cellules cancéreuses)9.
Les connaissances acquises sur le sujet ne permettent pas de recommander une supplémentation en bore pour prévenir le cancer de la prostate.
Néanmoins, l’apport minimal de 3 mg de bore par jour semblant requis, peut être atteint grâce à une alimentation riche en végétaux, légumes, fruits, légumineuses, fruits à coque…, telle que préconisée par l’Anses10,11.
TRAITEMENT DES APHTES ++
Le borate de sodium (ou borax) est disponible sous forme homéopathique pour le traitement des aphtes et des candidoses buccales. Il peut également être prescrit en cas d’ herpès génital, de vertiges en descente (dans les ascenseurs ou les avions), de sensibilité excessive aux bruits12.
TRAITEMENT D’APPOINT DES CONJONCTIVITES ++
Dilué en solution, l’acide borique est un antiseptique local prescrit en ophtalmologie. Il est indiqué en lavage oculaire en cas d’ irritation conjonctivale13.
Risques de sous-dosage et de surdosage du bore
LES RISQUES EN CAS DE CARENCE
- Chez l’animal, le manque de bore a des effets délétères sur la croissance, la calcification osseuse et la production d’hormones stéroïdes, d’autant plus qu’il s’accompagne d’un déficit en d’autres micronutriments, tels que le magnésium ou la vitamine D. Ces effets sont corrigés par une augmentation de l’apport en bore2.
- Le déficit en bore n’est pas décrit chez l’être humain. Selon les quelques études disponibles, les apports en bore sont supérieurs aux besoins, estimés pour les adultes, en France à 1,59 mg par jour et au Royaume-Uni à 1,5 mg (sans compter l’apport de l’eau de boisson)2,3.
LES RISQUES EN CAS D’EXCÈS
- Chez l’animal de sexe masculin, l’excès de bore a un impact défavorable sur les testicules (diminuant leur poids)3.
- Chez l’humain, des cas d’intoxication au bore ont été décrits, suite à un usage inapproprié de certains médicaments. Les symptômes sont digestifs : vomissements, diarrhée, douleurs abdominales. A très forte dose, sont aussi observés une atteinte cutanée, des crises d’ épilepsie, voire une confusion mentale. Ces doses ne peuvent être atteintes par les seuls apports d’origine alimentaire4.
- En 2012, l’Agence nationale de sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a classé le bore comme toxique pour la reproduction, la fertilité et le développement, sur la base des effets avérés chez l’animal. En 2016, les experts de l’agence ont retenu pour valeur limite un apport de 0,2 mg de bore par kilo de poids corporel et par jour (12 mg par jour pour personne de 60 kg), valeur précédemment proposée par l’Organisation Mondiale de la Santé en 20093. Ce chiffre est légèrement supérieur à la limite fixée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) en 2004, qui est de 10 mg par jour pour un adulte (et de 3 à 9 mg par jour selon l’âge pour un enfant ou un adolescent)2.
- Utilisé par de multiples industries (métallurgie, fabrication du verre, de la céramique, des savons et détergents, des pesticides…), le bore peut contaminer les eaux et les sols. C’est pourquoi la teneur en bore de l’eau du robinet et des eaux de sources embouteillées est limitée à 1 mg par litre14. Il n’existe pas de limite pour les eaux minérales, sauf pour celles qui conviennent à l’alimentation des nourrissons, dont la teneur en bore ne doit pas dépasser 0,3 mg par litre3.
Après avoir dosé la teneur en bore des eaux minérales dans son laboratoire d’hydrologie et au vu des études de consommation disponibles, l’Anses conclut en 2016 que : « le risque sanitaire relatif à la présence de bore dans l’eau destinée à la consommation humaine peut être considéré comme négligeable« .
Ecrit par: Florence Daine Journaliste nutrition
Sources :
1 - A. Martin et al. Apports nutritionnels conseillés pour la population française. Ed Lavoisier, Tec & Doc. 2001.
2 - Efsa. Opinion of the Scientific Panel on Dietetic Products, Nutrition and Allergies on a request from the Commission related to the Tolerable Upper Intake Level of Boron (Sodium Borate and Boric Acid). The EFSA Journal (2004) 80, 1-22
3 - Agence nationale de sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Avis relatif à l’évaluation des risques sanitaires du bore dans les eaux destinées à la consommation humaine. Juillet 2016.
4 - Institute of Medicine, Food and Nutrition Board. Dietary Reference Intakes for Vitamin A, Vitamin K, Arsenic, Boron, Chromium, Copper, Iodine, Iron, Manganese, Molybdenum, Nickel, Silicon, Vanadium, and Zinc. National Academy Press, Washington, DC, 2001.
5 - I. Zofkova & al. Trace elements have beneficial, as well as detrimental effects on bone homeostasis. Physiol Res. 2017 Feb 28. (Diffusion en ligne avant l’impression)
6 - R. Dessordi & al. Boron supplementation improves bone health of non-obese diabetic mice. J Trace Elem Med Biol. 2017; 39: 169-175.
7 - M. Najafadadi & al. Boron Induces Early Matrix Mineralization via Calcium Deposition and Elevation of Alkaline Phosphatase Activity in Differentiated Rat BoneMarrow Mesenchymal Stem Cells. Cell J. 2016 Spring; 18(1): 62-73.
8 - Y. Cui & al. Dietary boron intake and prostate cancer risk. Oncol Rep. 2004; 11 (4): 887-92.
9 - S.E. Kobylewski & al. Activation of the EIF2α/ATF4 and ATF6 Pathways in DU-145 Cells by Boric Acid at the Concentration Reported in Men at the US Mean BoronIntake. Biol Trace Elem Res. 2017 ; 176 (2): 278-293.
10 - L. Pizzorno. Nothing Boring About Boron. Integr Med (Encinitas). 2015;14 (4): 35-48.
11 - Anses. Actualisation des repères du PNNS : révision des repères de consommations alimentaires. Rapport de décembre 2016.
12 - http://www.doctissimo.fr/sante/homeopathie/souches-homeopathiques/borax
13 - https://www.vidal.fr/substances/37/acide_borique/
14 - Arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine. Journal Officiel du 6 février 2007.