régime cétogène et cancer par le Docteur Djikeussi

Un témoignage exceptionnel d’un médecin engagé dans la guérison de ce que l’on nomme pudiquement « la maladie du siècle », quand on ne veut pas prononcer le mot qui fait peur : cancer ! Le Docteur Eléonore Djikeussi est une pionnière dans l’approche métabolique sur la maladie. Son expertise est très précieuse dans une spécialité médicale où il est difficile de sortir du parcours de soins très codifié.

Merci à https://eatfat2befit.com

C’est en 2014 que j’ai découvert le Docteur Djikeussi à travers son ouvrage « CANCER : le glucose en question : Traité à l’usage des Etudiants en Santé » publié en édition numérique uniquement. À cette époque je cherchais désespérément dans la littérature disponible tout ce que je pouvais apprendre sur le régime cétogène. Et en 2013/2014 les ouvrages en français sur ce sujet pouvaient se compter sur les doigts d’une seule main. Les travaux du Docteur Djikeussi étaient selon moi extrêmement avant-gardistes. Je me souviens encore très bien – 5 ans plus tard – de mon enthousiasme à dévorer ce petit ouvrage sur ma liseuse, qui tissait le lien que je cherchais désespérément entre le glucose et le cancer. C’est probablement pour cette raison que cette édition visait les professionnels de la santé et non le grand public, totalement ignorant à l’époque de cette orientation de la recherche contre le cancer. Que de chemin parcouru entre les découvertes d’Otto Warburg en 1924 et les usages que nous en faisons aujourd’hui ! Mais ne pourrait-on pas aller plus vite ? Laissons la parole au Docteur Djikeussi.

EatFat2BeFit : Nous tenons à vous remercier pour cet entretien Docteur Djikeussi. Tout d’abord pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter, nous expliquer votre parcours universitaire puis celui de médecin engagé dans la lutte contre le cancer ?

Dr Djikeussi : Je vous remercie pour cette invitation.  Les aspects métaboliques de certaines maladies sont encore peu diffusés. J’ai découvert en parcourant votre site internet qui est bien documenté que le public s’approprie rapidement des informations scientifiques, pas toujours connues des professionnels de santé. Pour résumer mon parcours, je me suis sentie concernée  par la question du cancer dès le début de mon parcours universitaire. J’ai fait des études  de  médecine à la faculté de Caen. Inspirée par le professeur Michel Leporrier, j’ai opté pour un cursus de spécialisation en hématologie puis  cancérologie à la faculté de Lyon. C’est à ce titre que j’exerce actuellement.  Cependant j’aime à me définir comme médecin tout court qui se passionne pour des questions de santé. En complément,  toujours à l’université,  j’y ai adjoint formation en nutrition,  micronutrition, aromathérapie entre autres.

J’aime les approches globales. Et chacune des formations entreprises, et celles à venir, me permettent de revisiter ma spécialité.

EatFat2BeFit : Puis-je vous demander de partager avec nous, votre vision sur le cancer ? Comment analysez-vous cette maladie aux multiples facettes. Tandis que la majorité des scientifiques l’aborde par l’angle de sa complexité et sa faculté d’adaptation, d’autres la réduisent à un simple dysfonctionnement mitochondrial qu’il faudrait inverser ? Quelle est votre perception du cancer ?

C’est une question toujours complexe et qui malgré les découvertes multipliées laisse le sentiment d’une vérité  toujours à découvrir. Les écrits de Wirchow au 19ème  siècle  qui affirmait que le cancer est la conséquence de l’activation de cellules dormantes  due à une inflammation chronique sévère et  le travail d’Otto Warburg qui a démontré que les cellules cancéreuses avaient un métabolisme particulier ont marqué ma vision de cette pathologie. Il existe un important corps de publications dans ce domaine : de nombreux chercheurs ont publié à la suite de Warburg sur cet aspect métabolique du cancer. Comme je l’écris dans mon livre, la vision métabolique des cancers ne s’oppose pas  à la vision génétique. Les deux se complètent. Cependant cette vision métabolique me semble être  un angle de vue plus homogène et logique.

Warburg a démontré que les cellules cancéreuses ont une haute activité glycolytique, c’est-à-dire qu’elles produisent de l’énergie par fermentation comme les bactéries alors même qu’il ne manque pas d’oxygène. Et elles présentent un défaut de la respiration cellulaire, un knock-out des mitochondries d’où l’incapacité de ces cellules à utiliser l’oxygène.

Pour résumer,  la maladie cancéreuse apparait comme une reprogrammation métabolique globale de l’organisme  au profit des cellules cancéreuses qui ont régressé sur le plan métabolique à un fonctionnement archaïque. En effet, dans les conditions normales 85% de l’énergie cellulaire est produite à partir de glucose, acide gras surtout, en présence et grâce à l’oxygène par nos mitochondries et 15% dans le cytoplasme de la cellule. Dans les cellules cancéreuses, la production énergétique est inversée : 85% de  l’énergie cellulaire provient du cytoplasme. Or ce moyen de production cytoplasmique, qui utilise le glucose essentiellement est certes un processus de genèse d’énergie très rapide,  il a cependant un très faible rendement. C’est la raison pour laquelle la consommation de glucose par les cellules cancéreuses est si importante. C’est ce que l’on objective avec un pet scanner qui utilise du F-déoxyglucose.

Il faut savoir que ce processus de production intracytoplasmique d’énergie est un  moyen archaïque, qui a été conservé au cours de  notre évolution ; Il existe chez les bactéries. Dans l’espèce humaine, on le retrouve dans les tissus qui manquent d’oxygène  qui de ce fait fermentent,  ou   dans ceux qui sont dans l’urgence physiologique de proliférer : les cellules embryonnaires, les tissus de cicatrisation, les lymphocytes activés…

Ce moyen de production énergétique qui shunte les mitochondries limite la production par celles-ci de radicaux libres et par conséquent réduit le phénomène de mort cellulaire programmée. Le tissu prolifère et  s’expanse.

Contrairement aux tissus sains, dans lequel la mutation métabolique apparaît temporaire, destinée à une fin précise,  les cellules cancéreuses maintiennent indéfiniment ce phénotype. Le phénomène ne s’arrête en général pas spontanément. Il convient de marquer une réserve car quelques réversions spontanées de cancer ont été publiées.

Dans les cancers,  il existe également au niveau organique une reprogrammation métabolique : Les muscles, les tissus graisseux se reconvertissent en glucose détourné par les cellules cancéreuses pour leur métabolisme et leur croissance. Il existe aussi une insulinorésistance  qui empêche le glucose de pénétrer dans les muscles, les graisses, le foie  afin qu’il soit mis à la disposition des cellules malignes. Le système immunitaire est  en  mode silencieux par ailleurs, tolérant de ces cellules.

Ma vision est celle d’un tissu cancéreux  qui semble être un processus adaptatif : un tissu qui prolifère à tout prix et qui reprogramme l’ensemble de nos systèmes à son profit. Ce que l’on observe est si  bien coordonné qu’il ne peut pas être l’effet de phénomènes hasardeux. Le dysfonctionnement mitochondrial décrit au centre de ce processus est  une conséquence de facteurs en amont. Ils restent  à identifier. L’inflammation chronique en fait partie. Il y a certainement d’autres facteurs et cofacteurs. On sait  que l’inflammation chronique  produit un excès d’espèces oxygénées actives qui peuvent effondrer le pool de défense anti-oxydant cellulaire.  Lorsque les espèces oxygénées actives ne sont pas neutralisées, elles peuvent  générer des lésions cellulaires et mitochondriales  sévères en particulier. Dans ces conditions, on peut imaginer que, privée de sa source principale d’énergie  qui lui est en temps normal  fournie par la mitochondrie,  la cellule n’a pas beaucoup de choix : mourir ou survivre. Dans la dernière option elle déclenche son processus de survie par l’usage d’un autre moyen de fourniture d’énergie, la production d’énergie dans le cytoplasme, la glycolyse aérobie. Ainsi se met en place le processus de reprogrammation métabolique qui implique des modifications au niveau génique.

EatFat2BeFit : À partir de quand avez-vous commencé à observer le cancer comme une pathologie liée au fonctionnement défaillant de la mitochondrie ?

C’est un processus qui s’est déroulé dans le temps progressivement. Comme au  Japon après la seconde guerre mondiale, dans certaines  capitales de pays en  transition économique,  on note actuellement une mutation sur le plan alimentaire. L’alimentation traditionnelle cède la place à une alimentation de type occidental. Et dans les pays où l’on consommait traditionnellement des amidons résistants, on est passé à des aliments avec index glycémique élevé, riches en gluten, lequel était anecdotique pour le microbiote de ces populations. On peut constater des changements épidémiologiques : diminution des infections aiguës, augmentation des maladies de civilisation : obésité, maladies cardiovasculaires, cancer…etc. Cela se passe sous nos yeux.

C’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser à la question du glucose, de l’insulinorésistance et de  l’inflammation chronique.

Cela m’a menée à revisiter le métabolisme cellulaire énergétique qui dépend de la mitochondrie pour découvrir  les travaux de Warburg que j’ai connus après mes études à la faculté de médecine.

EatFat2BeFit : Comment avez-vous découvert le régime cétogène et plus largement le rôle de la cétose, de la privation de glucose, dans le cadre du cancer ?

Si les excès de consommation de glucose et hyper insulinémie sont tenus par certains chercheurs pour co responsables de la genèse du cancer, il semblait donc logique d’en diminuer les apports alimentaires.  C’est ainsi que le régime cétogène qui est très pauvre en glucose a été testé chez quelques patients atteints de cancer. Ce régime est loin d’être une nouveauté.  C’est l’alimentation traditionnelle des Inuits par exemple : graisses, viandes et quelques algues. Il est utilisé  depuis de nombreuses années dans le traitement de l’épilepsie. Il s’est vulgarisé  au début du 20ème siècle après l’acte héroïque d’une mère qui sauve son fils souffrant d’une épilepsie totalement réfractaire aux traitements classiques, grâce à ce régime. Cette histoire a été  immortalisée dans ce film magnifique « au risque de te perdre ».

Le régime cétogène est actuellement recommandé dans les services de pédiatrie pour ce type d’indication. Et c’est le traitement de la maladie de De Vivo. Les personnes qui en sont atteintes sont déficitaires en récepteur du glucose au niveau cérébral. Dans cette situation, le cerveau dépend donc pour son fonctionnement des corps cétoniques, carburants produits lors d’un jeûne glucosé prolongé.  Ils sont  fabriqués par le foie.  Leur production ne modifie pas le pH sanguin, le niveau d’acidité du sang contrairement à ce qui se passe lors d’un déséquilibre acidocétosique du diabète. Ils peuvent alimenter tous les organes et être utilisés comme carburant par la majorité des tissus y compris le cerveau.

En cancérologie, les premières publications ont été réalisées chez des patients souffrant de tumeurs cérébrales. Les observations au début n’ont porté que sur des cas isolés. Depuis la recherche nous fournit quelques études cliniques un peu plus étoffées. On peut trouver des références dans mon livre.

EatFat2BeFit : Que sont les régimes « low carb » et « very low carb » ? Quel est leur intérêt ?

Les régimes low carb sont des régimes au cours desquels la part de sucre dans la ration quotidienne est abaissée. En France les recommandations actuelles de l’ANSES tendent à baisser les apports glucidiques  autour de 40%   alors qu’ils étaient à 50% il y a 20 ans  dans la recommandation 5-3-2.

Le régime low carb se situe en dessous de  30%  de glucides dans la ration énergétique quotidienne ; la qualité des glucides consommés est aussi très importante  ainsi que le type d’acides gras ingérés.

Dans le very low carb ou régime cétogène, les apports en sucres représentent environ 50 grammes par jour, environ 5 à 10 % de l’apport énergétique, selon la masse corporelle des individus. Ces régimes peuvent être isocaloriques ou hypocaloriques. La ration protéique est également fixée autour de 1g /kg/j.

Lorsqu’on diminue les apports en sucre chez un insulinorésistant hyperglycémique, la résistance à l’insuline se corrige de même que l’inflammation chronique souvent associée.

La réduction de consommation de glucose diminue la production d’insuline par le pancréas et d’une autre hormone appelée l’IGF. Les deux sont très anabolisantes et sont capables d’activer la prolifération cellulaire via une voie  de signalisation intracellulaire  que l’on appelle  PI3K /AKT/mTOR. La réduction du glucose circulant diminue l’activité de cette voie de signalisation. C’est un processus important en cancérologie. Certains médicaments anticancéreux  appelés inhibiteurs de mTOR,  leurs appellations se terminent en « TOR »,  agissent par blocage de cette voie.

Lorsque la carence de glucose est importante et prolongée,  comme dans le régime very low carb, l’organisme produit des corps cétoniques. Ils servent de carburant pour les cellules, leur permettant de fabriquer de l’énergie par le biais de la voie mitochondriale. Le bêta-hydroxybutyrate en est un qui est très étudié. Son rôle sur l’évolution des cancers est controversé.  Quelques études ont montré in vitro que certaines cellules cancéreuses n’ont pas la capacité de métaboliser ni les corps cétoniques, ni les acides gras. D’autres ne mettent en évidence aucun effet, ou  un effet défavorable.

EatFat2BeFit : Existe-t-il des données sur la tolérance et l’efficacité du régime cétogène en cancérologie ?

J’aimerais avant de répondre parler de l’effet de régime riche en sucre : les études épidémiologiques témoignent de ses effets sur notre santé.  C’est un facteur d’inflammation chronique. De plus il a été testé chez des rats porteurs de tumeurs malignes. Son effet n’est pas favorable.

Concernant le régime cétogène, il existe quelques études en cancérologie. Elles sont souvent de petite taille. Nous disposons de données chez l’animal plus étoffées. Ce régime a par exemple été étudié comme adjuvant à la radiothérapie chez des rats porteurs de tumeurs malignes cérébrales dans une étude publiée en 2017 et a démontré des effets favorables.

En clinique humaine, les études sont moins nombreuses : des publications de cas isolés laissent de plus en plus place à des études cliniques sur des échantillons qui restent encore de petite taille. Les études sont réalisées le plus souvent en association avec les traitements spécifiques chimiothérapie ou radiothérapie. En général, la tolérance et qualité de vie sont jugées satisfaisantes même dans une petite série de 16 patients atteints de cancer avancé.

En 2018 a été publiée une étude[1] comparative randomisée portant sur  72 femmes atteintes de cancers gynécologiques et recevant une chimiothérapie, dont 36 adoptant un régime cétogène. Elles ont été suivies 12 semaines. Il est noté la réduction de leur masse grasse notamment abdominale paramètre du syndrome métabolique, le maintien de la masse maigre, la diminution de l’insuline circulante dans le groupe qui utilise le régime cétogène.  Des études sont en cours et à suivre pour démontrer si le régime cétogène a un impact sur l’évolution du cancer. Les études nutritionnelles ne sont pas simples à mener sur le plan pratique, ce qui retarde sans doute l’obtention des résultats.

Ce régime dans les pays industrialisés où l’alimentation est riche en sucres issus des graines et amidons, peut paraître et être socialement contraignant.

EatFat2BeFit : Comment proposez-vous le régime cétogène à vos patients ? Quels sont selon vous les points à surveiller pour un régime cétogène contre le cancer bien formulé ?

Vous savez actuellement aucune société savante en France ne recommande ce régime en oncologie. De ce fait il n’est pas proposé par les oncologues. Le discours le plus souvent rapporté par les malades qui demandent des conseils nutritionnels à leurs soignants est encore « mangez ce que vous voulez ». Cela veut dire que le libre choix est laissé à chacun de son régime alimentaire. 

Quel que soit le régime choisi par les malades, il nécessite étant donné leur instabilité sur le plan clinique, une surveillance et des adaptations pour, vérifier l’adéquation des apports aux besoins en nutriments et micronutriments, maintenir la masse musculaire, vérifier l’impact sur la fatigue. On ne peut pas faire de généralité, car le soutien nutritionnel est personnalisé. Chacun de nous a un métabolisme qui lui est propre, un parcours de santé qui lui est propre,  une culture alimentaire personnelle. Des carences en certaines vitamines et oligoéléments peuvent survenir avec le régime cétogène. De même, il faut une vigilance par rapport à l‘apport en fibres, qui nourrissent le  microbiote colique, producteur du précieux butyrate dont le rôle anti cancer est bien connu.

De plus, il n’est pas toujours facile ni pratique d’intégrer  un régime low carb dans la vie sociale comme je l’ai souligné précédemment.

Dans les études cliniques, on peut retrouver une perte de poids d’environ 2 à 5% même lorsqu’il est formulé en modalité isocalorique. Si l’index de masse corporelle très bas cela peut poser problème.

En tous les cas, il faut déconseiller le régime cétogène aux personnes qui souffrent d’insuffisance hépatique car elles n’ont pas un métabolisme hépatique suffisant pour fabriquer des corps cétoniques,  aux personnes souffrant d’une insuffisance pancréatique avancée.

En cancérologie, une évaluation nutritionnelle puis un suivi à définir, me paraissent nécessaires  pour tous.

EatFat2BeFit : En France contrairement aux pays anglosaxons, il n’y a toujours pas d’étude de grande envergure sur l’utilisation du régime cétogène contre le cancer. Pensez-vous qu’à moyen terme nous puissions assister au changement nécessaire pour que des travaux scientifiques sérieux puissent être envisagés ici ?

C’est vrai, il n’y a pas d’étude clinique en cours avec ce régime en France; cependant j’espère qu’il y aura une évolution. Mener des études nutritionnelles en cancérologie participera à une meilleure  reconnaissance de la prise en charge nutritionnelle en cancérologie à la fois par les soignants, les patients.

De telles études permettraient aux praticiens de mieux guider les patients qui par ailleurs pour certains n’attentent pas les recommandations officielles comme on peut le constater actuellement.

Si de telles études devaient être menées prochainement, je serais heureuse de pouvoir y apporter mon expertise.

EatFat2BeFit : Votre approche nutritionnelle se focalise aussi sur les micronutriments. Pouvez-vous nous rappeler le rôle majeur joué par les vitamines et les minéraux ? Les oligo-éléments sont trop souvent négligés, alors parlez-nous aussi de l’iode à laquelle vous semblez accorder une attention toute particulière.

C’est une excellente question. Il n’est pas possible d’évoquer le rôle de chaque vitamine et oligoélément dans cet espace de temps. On peut dire qu’ils sont nécessaires en petite quantité pour de grandes actions. Ils jouent un rôle majeur dans notre métabolisme : défense anti infectieuse, anti oxydante, régénération cellulaire, apoptose, cofacteurs d’enzymes ou d’hormones…. Les carences ou subcarences deviennent fréquentes.

C’est le cas de l’iode en particulier. L’OMS indique que sa carence est un problème de santé publique mondial majeur. Cette carence existe aussi en France malgré la politique d’enrichissement du sel en iode.

Or c’est un indispensable parmi les indispensables. Vous savez, la thyroïde est l’un des premiers organes à se mettre en place chez l’embryon. Elle utilise l’iode pour fabriquer les hormones thyroïdiennes qui participent à l’ensemble des métabolismes corporels, à la production d’énergie. Pas de vie possible sans iode et les conséquences sont dramatiques en cas de manque pour l’embryon et chez le fœtus. L’iode est aussi un anti oxydant, les études montrent qu’il est impliqué dans le maintien d’une architecture tissulaire normale,  il intervient dans le mécanisme d’apoptose.

Des études épidémiologiques tendent à montrer que sa carence serait associée à certaines dystrophies tissulaires et à des cancers glandulaires.

Des études cliniques portant sur une complémentation en iode ont débuté en cancérologie. Dans le cancer du sein. La tendance favorable incite à poursuivre avec de nouveaux essais cliniques.

EatFat2BeFit : Avec toute votre expertise en matière de nutrition et de micronutrition, je me permets de vous demander si vous avez mis en place une complémentation alimentaire pour vous-même et quels sont les points importants que vous surveillez dans votre alimentation ?

La carence en fer et en iode sont fréquentes chez la femme surtout avec le mode alimentaire de tendance  végan. Ce sont des points importants à surveiller. J’ai eu l’occasion d’en prendre, ainsi que le classique magnésium.

EatFat2BeFit : Docteur Djikeussi nous tenons à vous remercier sincèrement pour cet entretien précieux. Vous consultez en région parisienne. Comment faire pour entrer en contact avec vous et surtout quel type d’accompagnement proposez-vous à vos patients ?

En plus de mon activité d’oncologue hospitalier,  j’exerce en collaboration avec un réseau de professionnels de l’Essonne où j’ai mon cabinet  dans la ville de Sainte Geneviève des Bois. Nous avons le souci d’une approche globale, notre réseau porte le nom de Réseau Mitochondrie.   Ce dernier ne demande qu’à s’agrandir de professionnels souhaitant travailler en conscience et bienveillance. Nous proposons des soins de support aux malades atteints de cancer,  de pathologies chroniques en général. Nous prodiguons aussi nos conseils pour les états de fragilité et à tous ceux qui souhaitent maintenir leur santé. Je  propose entre autres pour les malades, une consultation nutritionnelle et micronutritionnelle qui débute par une évaluation avec des examens complémentaires avant recommandations et prescription si  nécessaire. Un suivi est nécessaire pour évaluer l’impact de ce qui a été  mis en place.  Ce travail est facilité par mon expérience en cancérologie, et hématologie, ma connaissance des soins de supports. La prise en charge s’accompagne d’une évaluation et une aide à la gestion du stress car il peut être un  pourvoyeur d’inflammation chronique et bien d’autres maux. Nous recommandons la pratique d’activité physique adaptée pour laquelle il existe de nombreux centres agréés, ceux de la  Ligue contre le cancer par exemple. Nous disposons pour certaines circonstances d’un cabinet virtuel. Nous organisons régulièrement des sessions éducatives  pour les malades et leurs proches.

EatFat2BeFit : Encore une fois un grand MERCI pour le temps que vous nous avez consacré, Docteur Djikeussi. Un dernier mot pour nos lecteurs en guise de conclusion ?

Je vous remercie une fois de plus de m’avoir conviée à m’entretenir sur ce thème  complexe et sujet à de nombreuses controverses. J’espère avoir apporté quelques éclairages. Je vous remercie de m’avoir fait connaître votre site internet  qui comporte de nombreuses informations intéressantes.

Nous savons aujourd’hui d’après les données du Centre International de Recherche sur le Cancer, que 40% des cancers sont attribuables à l’alimentation, l’alcool, le tabac. Nous savons ce que la prise en charge  nutritionnelle et micronutritionnelle peut apporter dans la prise en charge des cancers et des pathologies chroniques  en soutien des traitements, et après cure. Je pense qu’au minimum,  c’est un bénéfice en termes de self-empowerment, en gain de qualité de vie et probablement au-delà.

Il reste nécessaire de mettre à la disposition des professionnels une information en métabolisme et nutrition comme j’ai tenté de le faire dans mon livre « Cancer : le glucose en question » qui sera bientôt disponible en version papier, de réaliser plus d’études pour permettre aux professionnels  de santé de disposer d’outils pour assurer la prise en charge de  ces malades, surtout au moment où le grand public est très en demande et s’approprie de façon rapide les connaissances scientifiques.

Les coordonnées du Docteur Djikeussi :

Dr Eléonore Djikeussi

8 rue de la Boële, Bat D.

91700 Ste Geneviève des Bois

France

docteurdjikeussi91700@gmail.com

tel : + 33 (0)663423478


Références:

[1] https://doi.org/10.1093/jn/nxy119

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