Ces bactéries impliquées dans les cancers

Des chercheurs américains et canadiens révèlent qu’une bactérie appelée fusobacterium jouerait un rôle important dans le cancer du côlon. Ce n’est pas la première fois qu’un lien est établi entre cancer et bactéries.
Quelles sont ces bactéries?
Quelles perspectives ces découvertes ouvrent-elles en matière de traitements?

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Connaître l’origine du cancer… Dans ce domaine, il était déjà admis que les virus pouvaient être à la source des tumeurs.
L’HPV autrement appelé papillomavirus est connu pour être responsable des cancers du col de l’utérus et les virus de l’hépatite B et C sont impliqués dans le cancer du foie.

Ils ne sont pas les seuls en cause.

La fusobacterium, bactérie prometteuse

Dans la revue spécialisée Genome Research, des chercheurs nord-américains établissent un lien entre la formation des cancers du côlon et du rectum et une bactérie, la fusobacterium.

C’est en analysant des échantillons congelés de tumeurs de côlon, et en étudiant attentivement le génome présent dans les cancers colorectaux, que les chercheurs canadiens et américains ont constaté la présence en abondance de la bactérie fusobacterium, d’habitude peu répandue dans cette partie terminale du tube digestif.

Pour valider que cette bactérie joue bien un rôle dans le développement du cancer, il faudra effectuer d’autres recherches cliniques sur des séries plus grandes.

Une nouvelle Helicobacter pylori ?

Le travail des chercheurs est donc loin d’être terminé mais si la découverte était confirmée, elle conforterait l’hypothèse de l’origine infectieuse des cancers du côlon et du rectum et ouvrirait la voie à de nouveaux traitements.

Ce fut le cas dans les années 1970 pour le cancer de l’estomac à l’origine duquel on retrouve la bacterie Helicobacter pylori.

C’est en analysant l’ulcère de l’estomac, facteur déclenchant des cancers gastriques (adénocarcinome et lymphome) qu’un chercheur français constate des inclusions dans les cellules épithéliales qui tapissent l’estomac. Il identifie alors la fameuse bactérie Helicobacter pylori. Un antibiotique est ensuite mis au point pour tuer la bactérie et ainsi mieux anéantir le cancer.

Pourrait-on calquer le même schéma sur les cancers colorectaux grâce à la bactérie fusobacterium ?

Pour le Dr François Ghiringhelli, cancérologue au Centre de lutte contre le cancer de Dijon et directeur de recherche à l’Inserm, il faut être prudent : « Les chercheurs nord-américains ont constaté une association entre la bactérie et le cancer mais on ne sait pas encore si ce sont les bactéries qui provoquent le cancer ou si le cancer entraîne la formation des bactéries ».

Les maladies inflammatoires chroniques dans le viseur

Néanmoins, ce chercheur français note que cette découverte renforce l’idée du lien entre le cancer et les maladies inflammatoires chroniques intestinales comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique : « On sait déjà que les personnes porteuses de ces maladies ont cinq fois plus de risque de contracter un cancer digestif. Il est donc possible que certaines bactéries en induisant des inflammations de la muqueuse puissent entraîner des dommages sur les cellules épithéliales et favoriser le développement des cancers », précise le Dr Ghiringhelli.

Si c’était le cas, se poserait la question de prescrire un antibiotique à ces personnes prédisposées au cancer du côlon pour réduire ce risque. Dans l’attente d’études plus approfondies, la recherche se poursuit sur d’autres bactéries qui pourraient, elles aussi, être actrices dans l’apparition d’un cancer.

Quelles perspectives ?

Depuis un an, les chercheurs disposent d’outils efficaces pour étudier la flore bactérienne, explique le Dr Ghiringhelli. Ils sont des alliés indispensables pour caractériser les bactéries et déterminer quelles sont celles qui vont favoriser les cancers et celles qui vont permettre de les repousser, autrement dit les « bonnes » et les « mauvaises » bactéries.

Leur travail porte principalement sur les cancers digestifs, qui « contrairement à un cancer du sein ou à une tumeur cérébrale, naissent dans un milieu sale, le tube digestif ».

La recherche actuelle a aussi pour objet la chimiothérapie qui en tuant les cellules cancéreuses tue aussi les globules blancs. Cela fragilise le patient qui devient alors plus sensible aux bactéries. « Une fois que nous connaîtrons les bactéries, nous saurons si la chimiothérapie est dangereuse », conclue le Dr Ghiringhelli, « car soit ces bactéries exposent le malade à d’autres infections et anéantissent le traitement, soit elles vont améliorer l’effet du traitement ».

C’est tout un pan de la recherche qui est ici soulevé par ces nouvelles pistes.

Source : « Genomic analysis identifies association of Fusobacterium with colorectal carcinoma, Genome Res », Genome Research, October 18, 2011 ; Published in Advance October 18, 2011

 

source : Allodocteurs Par Auriane Baudin  le 20/10/2011

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