S’intéresser au cancer, c’est aussi un engagement.
Les causes de cette maladie sont multifactorielles, mais je reste persuadé que notre environnement, notre alimentation, l’air que nous respirons représente un ensemble qui joue un rôle fondamental dans notre équilibre de santé. Notre société prend en charge le cancer quand la maladie est déclarée. Pourquoi ??? on peut se poser la question…vous avez certainement deviné.
Vous aurez remarqué que je suis un défenseur du naturel et par conséquent des produits BIO. Et bien aujourd’hui je voulais pousser « un coup de gueule » sur le manque de considération que les pouvoirs publics peuvent avoir
vis à vis des agriculteurs bio dont le but est de nous proposer des produits de qualité et de préserver notre environnement qui en a tant besoin.
Selon l’IPSN, depuis deux ans, l’État est en retard dans le paiement des aides aux agriculteurs bio.
À l’inverse, les agriculteurs conventionnels sont payés rubis sur l’ongle.
80% des agriculteurs bio n’ont pas reçu leurs aides de l’État. C’est SCANDALEUX !!!!
En février 2017 (déjà), le magazine Reporterre (4) listait des cas d’agriculteurs lésés :
- Dans le Jura, Mickaël Percier cultive 50 hectares de céréales, qu’il a convertis en bio en 2015. Il devait recevoir 16 000 euros par an, le temps de la transition. Rien n’est venu. Il ne s’est plus versé de salaires depuis deux ans…
- Dans l’Oise, Guy Vanlerberghe exploite 200 hectares de pommiers et de céréales, tout en bio depuis 2015. Ce sont plus de 100 000 euros d’aides par an qui manquent à l’appel sur lesquels il paye des impôts ! En effet, ces “gains” sont déclarés… En attendant, la famille se serre les coudes.
- Dans le Morbihan, Christophe Baron qui tient une ferme laitière, attend 54 000 euros promis par l’État.
En tout, ce sont plus de 25 000 agriculteurs bio qui ont été touchés par la défaillance des services publics.
Cela représente 80% des agriculteurs bio.
Des caisses de l’État bourrées comme des canons !
Le pire dans cette histoire, c’est que ce n’est même pas une question d’argent dans les caisses.
Le président de la Fédération régionale d’agriculture bio de Nouvelle-Aquitaine, Dominique Marion, explique : “L’argent est là, dans les caisses, ce qui nous manque c’est la clé pour ouvrir le coffre-fort.”
Car la cause officielle des non-versements est un “problème de logiciel”.
De nouvelles règles européennes sont venues encadrer les subventions de la PAC.
L’administration française a du mal à s’adapter. Elle devait redistribuer 9 milliards d’euros aux agriculteurs français à partir de 2014 et sur plusieurs années.
Mais elle a pris du retard par rapport à ses homologues européennes. En Pologne par exemple, les paysans sont tous à jour de leurs subventions.
À ce problème, s’en est ajouté un autre pour les agriculteurs bio : ils sont les derniers servis.
Un complot de la FNSEA ?
Certains y voient des manœuvres du puissant syndicat de l’agriculture, la FNSEA, qui défend l’agriculture intensive.
Pour gagner du temps et éviter une transition, qu’elle sait inévitable, la FNSEA a inventé des concepts tels que “l’agriculture raisonnée”, ainsi que les exploitations “FARRE”.
Toutefois, ces “labels” restent totalement soumis aux diktats des pesticides. Ils ne sont qu’une concession minuscule à l’évolution tangible de l’opinion publique.
Ce sont des mesures cosmétiques.
En revanche, il est certain que le non-déploiement des aides aux agriculteurs bio est une manière efficace de maintenir le statu quo. Cela casse le moral des agriculteurs bio.
Certes, l’administration commence tout juste à honorer ses obligations. Un certain nombre d’agriculteurs bio ont été partiellement remboursés des aides qui devaient leur revenir.
Mais ces remboursements se font par à-coups.
Les agriculteurs, par ailleurs, sont priés de se taire.
Alors que cela fait deux ans qu’ils n’ont pas été payés. Durant ces longs mois, certains ont jeté l’éponge, certains souffrent de dépressions…
Mauvais traitements infligés aux agriculteurs
On assiste à une forme de harcèlement déguisé des agriculteurs bio.
Tout est fait pour qu’ils lâchent, pour que le modèle dominant perdure alors qu’il est voué à l’échec.
Il existe de nombreux exemples de mauvais traitements des agriculteurs bio :
- Cette année, en Bretagne, des agriculteurs bio se sont vu reprendre par leur ville 15 hectares de leurs terres cultivées en bio. En échange, la ville leur propose sept hectares non transformés en bio. Objectif de l’échange : construire un éco-quartier. Pourquoi détruire des parcelles bio pour faire un éco-quartier ? C’est un non-sens absolu (2).
- En Auvergne en 2014, un jeune agriculteur, installé en 2006, a subi un harcèlement en règle : menaces de mort sur lui et ses enfants, installations détruites, incendie volontaire de sa grange, etc. Il a fini par craquer et s’est installé ailleurs (3).
- En Charente, un agriculteur avait été menacé d’amende par l’administration. La raison invoquée ? Ses revenus n’étaient pas assez importants (4).
Ces exemples donnent une idée de la violence des débats qui existent à l’heure actuelle autour de l’agriculture bio.
Et dans ce contexte, les administrations n’aident pas toujours à débloquer les situations tendues et délicates.
Double-jeu des institutions
Cela est d’autant plus étonnant que l’INRA (5) et le ministère de l’Agriculture en tête savent parfaitement que le modèle conventionnel va droit dans le mur (6).
Mais les institutions sont sous influence des lobbies agro-alimentaires et des grands syndicats agricoles conventionnels.
À tel point qu’elles ne parviennent même plus à respecter la justice la plus élémentaire en ne mettant pas fin à l’invraisemblable discrimination qui existe entre les agriculteurs.
Il y a ceux qui reçoivent les aides à temps. Ceux-là sont en agriculture conventionnelle.
Il y a ceux qui ne les reçoivent pas ou très tardivement : ceux-là sont en bio ou en conversion vers le bio.
Évolution et objectifs politiques
Vous me direz peut-être que les choses changent. Qu’il y a quelques progrès. Que certains agriculteurs bio commencent à être payés (après deux ans).
La vérité est surtout qu’il y a beaucoup de promesses politiques et encore trop peu d’actions sur le terrain.
Lors du Grenelle de l’environnement il y a plus de dix ans (2007), l’objectif en bio pour la restauration collective était de 20%.
Lors des élections, presque tous les candidats, le président gagnant y compris, avaient promis que ce serait 50%.
La réalité, elle, est autour de 3% (7).
Quand les actes ne suivent pas, les promesses augmentent. C’est de la poudre aux yeux.
Un modèle agricole solide
Il y a tout de même des raisons de se réjouir.
Aujourd’hui, les installations en bio représentent 50% du total des installations de fermes. Pourquoi ? Une ferme sur deux qui se crée tous les jours en France est une ferme bio !
Parce que le bio est plus rentable même quand l’État ne verse pas ses aides !
En effet, un agriculteur qui suit le modèle conventionnel doit payer à grands frais les engrais, les pesticides et les machines dont il a absolument besoin pour assurer ses rendements.
C’est une gabegie de moyens utilisés pour un résultat médiocre à moyen terme, et désastreux à long terme.
Avec la monoculture intensive :
- les sols s’épuisent, s’appauvrissent, et deviennent imperméables (contribuant ainsi aux inondations) ;
- les agriculteurs s’endettent et se rendent malades ;
- l’eau, réserve si précieuse, est inutilement gâchée et polluée ;
- les produits proposés aux consommateurs sont bourrés de pesticides et carencés en oligo-éléments ;
- les écosystèmes sont perturbés et la biodiversité s’effondre.
À l’inverse, les agriculteurs bio ont besoin de beaucoup moins de moyens pour lancer une ferme qui sera rentable beaucoup plus vite.
Pourquoi ? Parce que les rendements en bio sont proches de ceux que l’on obtient en conventionnel.
Des chercheurs aux États-Unis et au Canada sont arrivés à la conclusion que la différence entre agriculture bio et agriculture conventionnelle en termes de rendement pouvait être de 8 à 9%. C’est très peu !
La différence de qualité est pourtant spectaculaire. Les produits bio sont d’une qualité bien meilleure et l’agriculture bio respecte voire enrichit l’environnement (8).
Or les produits bio sont vendus plus chers, la demande étant forte et ils nécessitent moins d’investissement au départ.
Le modèle de demain
Cette différence ira en s’accentuant car l’agrochimie repose essentiellement sur le pétrole dont les réserves, malgré tout, sont limitées (9).
Le prix du pétrole sur le long terme ne peut qu’augmenter (10). Et celui de l’agriculture conventionnelle avec.
En clair, l’avenir de l’agriculture, ce sont les modèles émergents : la permaculture et l’agroforesterie.
Fondés sur une meilleure connaissance des sols, des plantes et des écosystèmes, ils sont durables et productifs.
Bref, le bio est un modèle solide. C’est le modèle de demain.
Il ne manque qu’une seule chose pour que cela soit bien le cas : la volonté politique.
Elle ne peut naître que d’une pression populaire accrue.
Depuis des années, les gouvernements successifs se moquent de nous : ils promettent monts et merveilles quand, sur le terrain, tout est fait pour décourager les initiatives des paysans bio.
Nous devons mettre une pression maximum sur le pouvoir politique jusqu’à la fin de l’année pour que :
- toutes les aides soient enfin versées aux agriculteurs bio ;
- le modèle de l’agriculture bio soit véritablement intégré dans la stratégie agricole de la France.
Et maintenant, passons à l’action !
Je vous annonce d’ores et déjà que, d’ici la fin de l’année, ce combat sera l’une des lignes éditoriales majeures de notre lettre Alerte Santé.
Pour commencer, je lance notre grande pétition en soutien des agriculteurs bio que vous pouvez signer ci-dessous.
Signez, faites signer. Mobilisez-vous.
Nous devons agir à tous les niveaux, multiplier les initiatives et les messages au pouvoirs publics.
N’oubliez pas que d’ici peu il y aura des élections européennes, puis municipales.
Le monde politique est à cran.
C’est le moment d’enfoncer le clou ! Signez dès maintenant !