Il m’arrive souvent dans ce blog de faire référence à des oncologues différents de la moyenne et qui nous parlent de leur crédo, des recherches de toute une vie pour trouver des traitements plus efficaces contre le cancer.
Aujourd’hui je voulais vous parler du Dr Lagarde. Docteur en médecine de l’université de Paris, ancien interne des hôpitaux, spécialiste en oncologie et chirurgie maxillo-faciale. Il a dirigé pendant plus de 10 ans un centre de traitements oncologiques à San Marin avant de prendre sa retraite de 2016.
Tout en appliquant la chimiothérapie, il a toujours défendu la convergence des thérapies conventionnelles et parallèles. Partisan de la nutrithérapie depuis 1987.
» la stratégie de traitement est souvent contraire aux nouvelles connaissances obtenues par la recherche et va parfois à l’encontre du résultat souhaité. «
Il répond à des questions :
Dr. LAGARDE, votre conception du traitement des cancers est souvent différente de celle des cancérologues classiques. Pourquoi ?
Avant toute chose je voudrais préciser que l’on m’a présenté comme un inconditionnel des « médecine douces », qui traite les cancers par des produits « alternatifs ». C’est entièrement faux.
J’ai testé, évalué, de très nombreux produits provenant des « médecines douces »,certes, soit afin de vérifier s’ils avaient un intérêt thérapeutique, soit parce qu’ils m’aidaient à protéger mes malades de la toxicité de la chimiothérapie. Si l’on avaient jeté un simple coup d’œil sur mes écrits et publications, on aurait constaté, au contraire, que la base même de mes traitements, sans exception, sont des thérapies oncologiques classiques même si elles sont utilisées, appliquées, parfois de façon différente. Je me considère et suis un cancérologue classique mais qui sort parfois des sentiers battus et qui prône la convergence des thérapies lorsqu’elle est possible.
Alors pourquoi ne pas suivre le sentier indiqué par les instances académiques , sans réfléchir, sans discuter, comme le font une majorité de vos confrères oncologues ?
1-Tout d’abord, sur le plan principe, la liberté est essentielle en médecine comme ailleurs, et il ne saurait être question de régenter la recherche , ni a fortiori d’imposer une orthodoxie scientifique qui n’a rien à voir avec la VERITE. Je donnerai bientôt quelques exemples qui le démontrent .
2-Ensuite, parce que la science oncologique actuelle, trop souvent, ne respecte pas la loi fondamentale de toute science, loi qui se résume en deux paroles : LOGIQUE et RIGUEUR.
Depuis une vingtaines d’années, la recherche fondamentale a progressé à grands pas, dans tous les domaines y compris en cancérologie. Ne trouvez vous pas curieux , que sur le terrain, au niveaux des traitements, et surtout au niveaux des résultats, les avancés soient plutôt décevantes ?
L’explication est très simple. Des découverte, des informations extrêmement utiles sinon incontournables sont oubliées, dénigrées. Certaines sont embarrassantes et obligeraient de revoir parfois des stratégies thérapeutiques établies depuis des années, revoir certaines techniques, bousculeraient le train- train administratif, obligeraient à certains de mes confrères de se remettre en question.
Ceci n’est pas nouveau et déjà il y a 30 ans le Prof. Lucien ISRAEL écrivait : « des connaissances réelles, opérationnelles , acquises, sont oubliées ou même niées, et la plupart des malades sont traités comme si elles n’avaient pas été acquises. »
Alors, par exemple, comment expliquer que l’on continue à baser le pronostic et le traitement en fonction de curages ganglionnaires qui n’ont aucune valeur réelle comme l’ont démontré depuis 10 ANS les travaux sur l’angiogenèse ! Nous savons depuis 10 ans que les premières métastases partent d’abord par la voie sanguine. Cette notion fait s’écrouler le bien fondé de la technique du ganglion sentinelle !
Mais certains l’avait déjà deviné il y a 30 ans et ainsi le Prof. Pouyard avait écrit : « L’urgence en cancérologie ce n’est pas d’opérer, mais de traiter les micro métastases que nous ne voyons pas encore. » Et avec d’autres, il préconisait la chimiothérapie dite néo adjuvante (avant l’opération) dans tous les cas.
En 2015, on pratique encore systématiquement la technique du ganglion sentinelle, on n’applique rarement la chimiothérapie néo adjuvant à part dans le cas de tumeurs du sein inflammatoires, on base toujours la stratégie sur le curage ganglionnaire. On a perdu 30 ans. Alors , à mon tour, je vous pose une question : Lorsque l’on connait la vérité, un médecin peut-il continuer à suivre un sentier qui le mène droit dans le mur, et contraire à l’intérêt du patient ?
3- Enfin, chose incroyable puisqu’elle se targue de logique, la science médicale actuelle a, de plus, oublié, ignoré, une autre loi fondamentale : NOUS SOMMES TOUS DIFFERENTS et les tumeurs sont elles aussi toutes différentes. Je ne pense pas que les scientifiques renieront les travaux de la génétique moderne !
Alors tachons de rester logiques et posons nous la question : un traitement égal pour tous, calculé uniquement sur le poids et la taille, comme préconisé par les protocoles internationaux , est-ce logique ? Est-ce bien rigoureux ? Certainement pas. Lucien Israël, encore lui, a écrit dans « cancer,aujourd’hui » : « Le protocole est le triomphe de la médiocrité en médecine ».
C’est parce que j’ai tenté de traiter mes patients avec logique et rigueur, m’appuyant sur les principes de base de la médecine classique et des nouvelles connaissances apportées par la recherche , m’aidant parfois d’adjuvants issus des médecines douces ( à des fins de soutien des fonctions organiques pour diminuer la toxicité des traitements), que je suis parfois sorti des sentiers battus et que j’ai refusé, le cas échéant, le protocole conventionnel, si j’estimais qu’il y avait mieux.
Mais là ou j’ai également refusé de suivre la voie conventionnelle c’est dans la philosophie même de cette oncologie académique . En effet, cette philosophie est comme paralysée par une idée fixe, détruire le cancer du premier coup, le terrasser en utilisant toutes ensemble nos armes thérapeutiques lourdes et toxiques ( chirurgie, radiothérapie, chimiothérapies , anticorps monoclonaux).Et si on échoue, mourir.
On comprend le scepticisme qui s’attache à tous les progrès partiels. D’où le mauvais vouloir à organiser le combat et à mettre toutes les chances du coté du malade.
Se battre, lutter pas à pas avec le cancer en un combat douteux, cela n’a pas de sens pour la grande majorité des spécialistes du cancer. Cela n’aura en effet aucun sens lorsque nous trouverons vraiment des solutions pour guérir plus de cancers. Pour le moment ce n’est pas le cas.
Et pourtant, ce sont ces progrès partiels que nous découvrons peu à peu, par l’expérience, qui nous permettent non pas de guérir plus souvent les patients, mais de les faire vivre plus longtemps et plus humainement.
C’est la voie que j’avais choisi et que j’ai assumé durant plus de 40 ans.